La rage qui nous anime…

Ah ça faisait longtemps, c’est reparti, la politesse bourgeoise vient encore s’indigner frontalement contre ceux qui osent un peu lever le ton et botter des fesses. Des « outrances », des « injures », des « éructations » même : comme si nous étions de vulgaires animaux lâchés en plein Fouquet’s. Allons manger avec doigt, boire au goulot et lécher nos assiettes. Puisque les claques sont interdites, faisons de nos mots les coups de fouet que certains méritent depuis longtemps.

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Évidemment, c’est une longue mer de nuages tranquilles dans laquelle vogue les socialistes, un petit coup de vent fait donc office de bourrasque. Sauf que l’ouragan qu’on leur prépare, il ne vient pas de rien, et ça va faire très mal.

Un rejet épidermique

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, la politique, c’est une affaire de tripes. Ah ce n’est pas que ça n’a rien de cérébral, je suis pas un génie mais je fais mon possible. Non… la politique c’est une affaire d’indignation, d’une force qui vous prend au ventre et vous donne envie de vous battre. Ce n’est pas l’analyse statistique des inégalités qui me pousse à me lever le matin. Ce n’est pas le calcul stratégique de mon investissement pour un foutu fauteuil ou pour montrer gratuitement l’étendard nombriliste de mon parti à la face monde. C’est une rage bien plus puissante, et un espoir qui me booste comme de l’adrénaline en intraveineuse.

C’est ma cocaïne quotidienne qui m’aide à vivre tous les jours. C’est le café du matin autant que le Jack Da du soir. L’indignation c’est l’essence de mon moteur et l’azur de mon océan d’énergie. Car la société dans laquelle nous vivons est insupportable. Elle me dégoûte, me débecte, me fout la gerbe comme la pire des maladies. C’est un rejet physique comme un corps étranger à expulser, épidermique comme la plus virulente des allergies. Elle concentre l’opulence et la richesse dans une poignée d’individus qui se gavent à trois fois le plein. Elle organise la généralisation de la misère, la traite de millions d’êtres-humains, le viol de millions de femmes, des violences contre 1 milliard d’entre-elles.a

Elle l’organise, mais pas toute seule. Fini le tripe des malheurs désincarnés, les responsables ont des noms et des adresses. Chaque minute qu’ils passent sans harcèlement est un crachat à la gueule du monde entier. Ils se gavent sur la misère, détruisent méticuleusement notre système social et rongent notre république de l’intérieur. Et nous devrions rester calmes, à contempler le désastre ?

Le gouffre tranquille

Qu’elles aillent se faire foutre, ces belles personnes pleines de politesse, de mots compliqués qui noient le poisson. J’emmerde leurs airs supérieurs quand ils me disent avec placidité de me calmer. Ah c’est facile, pour eux tout baigne dans leur  fauteuil de cuir et leurs pantoufles. Ils pensent au rythme de leurs mandats, dans la gestion quotidienne des morceaux à ramasser devant l’édifice qui se casse la gueule. Ils pavanent avec leur sourire idiot, leur fausse joie coupable alors que nous avançons tranquillement dans le gouffre. Ce ravin du fascisme qui boit comme un vampire toute la haine que les peuples intériorisent.

Elles sont belles ces pourritures, celles qui font les révolutionnaires de salon, les insurgés des canapés, qui votent l’interdiction des licenciements boursiers, manifestent contre les retraites puis poignardent les salariés une fois au pouvoir. Dans leur beau monde bien lissé la révolte se fait la bouche en cul-de-poule, dans les tactiques politicardes à 15 bandes, les stratégies nombrilistes et la confiscation du pouvoir.

Je pisse sur les connards de la belle société, ces ultra-riches qui s’offusquent de leur pouvoir d’achat, ces patrons et actionnaires qui menacent le peuple français s’il a le malheur de lever la tête. C’est eux le pire crime contre l’humanité, c’est eux qu’il faut foutre au bagne au lieu de répandre votre fiel en osant accuser Mélenchon d’antisémite. Quel naufrage idéologique, quelle honte devant ces résistants au fascisme que vous encensez à leur mort en combattant leurs idées.

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Pourritures

Hypocrites et menteurs, godillots du patronat qui allez parader avec le MEDEF et vous faites siffler par la CGT. Vous agissez comme nos pires ennemis politiques, saccagez les constructions collectives et abattez l’enclume de la répression contre les salariés. Honte à vous qui démantelez à coup de force les camps de Roms, encouragez les haines organisées et expulsez les sans-papiers par dizaines de milliers.

Il est revenu le temps des rafles, le temps des tyrans intouchables et cumulards. Ceux qui vous promettent le jardin d’Eden et vous jettent sur le bitume. Ça sent les promesses fumeuses, celles des noms de magnifiques arbres pour appeler les forêts de tours grises et crasseuses. Celle des « sacrifices » des « emplois » truc ou « emploi » machin, qui cachent la fuite accélérée de nos droits.

Elle est omniprésente cette propagande abjecte qui explique qu’il faut baisser les yeux, se remettre au travail et se taire. Nous sommes les bagnards de la guerre de classes, ceux qui n’en font jamais assez, qui sont méprisés pour leur travail, culpabilisés une fois jetés à la rue et pointés du doigt quand ils osent venir d’un autre pays.

Comment ne pas parler avec  force ? Comment ne pas frapper avec nos mots cette belle société et son chemin tout tracé ? Nous nous faisons des ennemis ? Tant mieux ! Nous en avons et nous les combattons, mais au moins nous frappons sans cesse, sans louvoyer, sans se cacher, et en tenant ce drapeau qui ébranlera les idées dominantes en faisant réfléchir sur ce qui, jusque-là, allait de soi…

 Romain JAMMES

23 réflexions sur “La rage qui nous anime…

  1. Merci Romain.
    On se battra jusqu’au bout, chacun à sa manière, à chaque seconde, sans jamais rien lâcher.
    Et on est, et nous serons, de plus en plus nombreux.
    Courage et confiance.

  2. Romain, t’es d’enfer, t’es mon frère : ah putain, ce que je respire en te lisant, j’ai l’impression de ne pas être toute seule à hurler parmi les loups. Tous ces biens pensants qui me disent, « mais c’est juste mais ça fait peur aux gens les mots » !!!! ah oui, les mots leur font peur et l’esclavage dans lequel ils sont engloutis, ça leur fait pas peur ? Ils baguenaudent le petit doigt en l’air et le verbe « mesuré », beurk, ça me dégoûte aussi. Oui, la politique, c’est affaire de tripes, moi aussi, je les ai à l’air et merde, pourtant, je ne suis pas toute jeune mais j’en peux plus j’étouffe, alors te lire, ça me donne du pep’s.
    Oui, aujourd’hui, suis d’accord, faut parler dru et cru, Mélenchon a raison et du courage, c’est si rare, que ça mérite d’être souligné et repris et connu et transféré. Et merde.

    Y’avait Ferré qui avait la même verve, maintenant on est plein de petits. Alors on ne lâche rien ! ni dieu ni maître ni couille, je veux dire ovaires molles, ça non, jusqu’au tombeau, le nôtre et dans lequel, on finira bien par les y mettre tous. Olé. Y’en a marre de leur (in-)délicatesse à deux balles, de leur discours à la mord-moi-le-noeud, léché, statistique et blabla à la hollandréou.
    Plein de bises mes copains. On y va.
    Annie

  3. « La politique c’est une affaire d’indignation, d’une force qui vous prend au ventre et vous donne envie de vous battre. L’indignation, c’est l’essence de mon moteur et l’azur de mon océan d’énergie. Car la société dans laquelle nous vivons est insupportable. » (Romain Jammes)

    • La politique c’est juste un métier qui permet de gagner (très bien) sa vie, après on fait beaucoup croire que ça va changer nos vies blabla, mais toute décision de faire ça ou ça, est liée à une problématique économique.

  4. J’ai envie de dire que plus qu’une affaire de tripes, s’engager (en politique, dans des associations, …) est une prise de conscience et un refus souvent violent. Un jour on arrête de dire « encore une injustice de plus! » et on dit « stop! ça suffit! y’en a marre! » et on agi pour changer les choses. Comme lu dans un livre (le pavillon des enfants fou): « une prise de conscience ça ne cesse jamais! La mienne ne cessera pas, je ne veux pas devenir comme vous, passifs, idiots, butés. » Merci pour la colère.

  5. Merci Romain – ça me permet d ‘ économiser ma salive aujourd ‘ hui – je la garderai pour leur cracher dessus – avant de les passer à la guillotine –
    Nous ne voulons pas de l ‘ argent , nous voulons de l ‘ amour –
    Nous ne voulons pas du travail , nous voulons du temps –
    Nous ne voulons m^me pas de culture ( du moins celle-là ) nous voulons de l ‘ insouciance –
    Nous ne voulons pas du cul , nous voulons du sexe –
    Nous ne voulons pas de la solitude , nous voulons de l ‘ amour –

  6. oui romain, je suis heureuse de lire ce que tu as écris; comme toi c’est la rage et la révolte qui me fais marcher. comme toi j’exècre les hypocrites, les lâches, les menteurs; ceux qui n’ont d’autre morale que l’agent et le pouvoir. et ça fais du bien de ne pas se sentir seule….je suis heureuse que tu ai été élu au bureau de P.G. à bordeaux ? j’y étais et j’ai bien sur voté pour toi. Fraternellement. Marie .

    • de marie à marie joinville magnifique site et bon blog, pas de hasard à te retrouvée ici je suis d’accord avec toi et ce qui est écrit merci maxime ,monde indien ,alice , louisdaragon, tangakamanu,huetannie, jap ,arséne,et tous ceux derrière le rideau,la vie est si belle……………………………………………………………………………………………………………………………………………… ils ne peuvent la détruire ne vous inquiétés pas et vivez en harmonie ensembles !!!!!!! encore merci

  7. NON à la promotion de la militante d’extrême droite Keny Arkana, antisioniste obsessionnelle plus proche des antisémites que des antisionistes ! Cette « artiste » est notamment hostile à la franc-maçonnerie qu’elle assimile au diable, comme a toujours fait et fait toujours l’extrême droite.

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  10. C’est bien beau la colère mais qu’est- ce que vous faite tous concrètement pour changer? Le changement ne viendra pas d’en haut, mais de nous, alors arrêtons de nous plaindre et de râler et mettons-nous au travail. Un autre monde est possible et nous avons beaucoup plus de pouvoir que nous le pensons. Ce sentiment d’impuissance est entretenu par le pouvoir en plus, c’est dans leur intérêt. Quand on aura pris conscience de ça, la donne sera différente.

    • Tu as raison de pointer le fait que la colère ne suffit pas. C’est d’ailleurs pour ça que cet article explique ce qui « nous anime ». Dans cette expression il y a « anime » qui suppose que j’agit. Et il y a « nous » qui suppose que c’est un mouvement collectif.

      Donc je ne me contente pas de râler, je me bâts tous les jours et de pleine de manière différente, au FdG mais pas que, pour que ça change =)

  11. Nous vivons une époque de faillite générale
    des institutions. Nous provoquons de façon
    collective des résultats que personne ne
    désire: dérèglements climatiques, sida,
    famine, pauvreté, violence, terrorisme. En
    participant à la destruction des communautés,
    de la nature, de la vie, nous touchons aux
    fondements de notre bien-être social,
    économique, écologique et spirituel. Notre
    époque réclame une conscience nouvelle. Elle
    lance un appel pour développer la capacité à
    diriger collectivement, afin de faire face aux
    défis de façon consciente, volontaire et
    stratégique. Le développement d’une telle
    aptitude nous permettra de construire un
    avenir aux perspectives plus élevées.
    ADDRESSING THE BLIND SPOT OF OUR TIME
    An executive summary of the new book by Otto Scharmer
    Theory U : Leading from the Future as It emerges.

  12. Pingback: Ce soir je rends ma carte… | L'Art et La Manière

  13. Bravo, que de la belle lecture , tu nous donnes du beaume au coeur , on lache rien , on continue de se battre , on continue encore et encore c’est se qui nous donne cette rage et cette révolte face à tous ces hypocrites et ces mécréants . Vive LE FRONT DE GAUCHE ❤

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